Stratégie de diversification d’EDF à l’étranger (Analyse Clinique)

Préface

Préface

S’il est bien connu que la vitalité d'une entreprise est fonction de sa capacité à se développer, à croître et à s'épanouir en comptant sur ses propres atouts, celle-ci peut-être à amenée à se retrouver devant des développements environnementaux majeurs susceptibles de remettre en cause l’ensemble de sa ligne conductrice historique. Ainsi la vague de déréglementations successives qu’ont connus certains secteurs industriels de l’économie française depuis une quinzaine d’années marque le début d’une nouvelle ère dans laquelle les entreprises les plus protégées jusqu’alors se retrouvent face à une concurrence internationale spontanée.

S’agissant des « Établissement public à caractère industriel et commercial » ou EPIC, le choc compétitif est d’autant plus féroce que leur statut juridique particulier leur conférait un avantage concurrentiel insupportable pour les concurrents.

En effet, de par l'absence de réciprocité possible pour les acquisitions, un tel établissement peut acquérir des sociétés cotées alors que son capital n'est pas accessible. D’autre part, il bénéficie d’un financement par dette à un coût avantageux, les analystes financiers assimilant l'EPIC à l'État dans leur évaluation des risques, ce qui permet de bénéficier de taux d'emprunts réduits.

On notera toutefois que, ni l'abandon du statut d'EPIC, ni même la cotation d'une entreprise n'entraînent ipso facto l'accès libre à son contrôle. Ainsi, aujourd'hui EDF est une entreprise partiellement privée mais non 'Opéable'.

Par ailleurs le verrouillage du contrôle du capital n'est en rien une spécificité des entreprises publiques, de nombreuses sociétés privées, même cotées ne sont pas non plus 'opéables'.

Enfin, si le financement des EPIC apparaît objectivement avantageux, cela ne découle pas d'un privilège juridique des entreprises, mais du processus d'analyse des risques par les sociétés de notation et les opérateurs financiers, qui assimilent l'EPIC et la puissance souveraine.

Cette assimilation permet aux EPIC de bénéficier d'une excellente notation, synonyme à la fois de taux réduits et d'accès à des sources de financement souples. Ces éléments n'entrent pas seuls en lignes de compte dans la fixation de la notation, la solvabilité de l'entreprise étant également importante, mais peuvent avoir un impact significatif.

Les promoteurs de la réforme ont également avancé l'importance des besoins de financement de l'entreprise. Ces besoins ne pouvant être couverts par les pouvoirs publics en tant qu'actionnaire, cela justifierait la mise en bourse donc le changement de statut. Deux arguments pratiques principaux ont été utilisés :

les besoins de financement stricto sensu liés au développement international et à la diversification, aux mêmes justifiés par le processus de déréglementation : l'entreprise devrait se diversifier pour faire face aux inévitables pertes de parts de marché sur son activité historique.

Les critiques à l'inverse ont porté d’une part sur le bien fondé de ce développement, notamment à l'international, et donc du besoin de financement correspondant Et l'absence d'obligation réglementaire de modifier la comptabilisation des charges futures de retraite d’autre part. En revanche, la mise en bourse de l'entreprise supposerait un alignement des pratiques comptables sur celles des entreprises cotées, donc un provisionnement. Le besoin de restructuration du bilan apparaîtrait alors comme la conséquence et non la cause de la mise en bourse.

Enfin les promoteurs de la réforme ont soutenu que le principe de spécialité imposé aux EPIC nuisait à la diversification et au développement de l'entreprise EDF, alors que ce développement était nécessaire dans un environnement concurrentiel.

Dans notre étude notre choix s’est porté sur la stratégie de diversification d’EDF à l’étranger pour plusieurs raisons. D’abord, ce tournant dans la stratégie externe d’EDF date de 1987-1988, ce qui nous donne le recul nécessaire pour analyser le résultat de cette politique. Ensuite les concepts économiques que nous étudierons ont été exposés en cours (par exemple les concepts de rente, de coût du capital, de contrôle managérial, de coût de l’information, etc.) ce qui fait de cette analyse clinique une étude de cas illustrant parfaitement certaines théories microéconomiques et/ou d’organisation.

Le but de cette étude sera de comprendre, après une brève présentation du groupe EDF et de son contexte les éléments d’Analyse discutés dans chaque chapitre comme suit.

Dans le chapitre I nous ferons une brève présentation de l’entreprise, avant et après la diversification, ainsi qu’une comparaison avec d’autres acteurs européens.

Dans le chapitre II nous aborderons les raisons qui ont poussé les dirigeants à investir à l’étranger et pourquoi les actionnaires ont accepté cette stratégie de diversification et d’investissement à l’étranger.

Dans le chapitre III, nous essaierons d’analyser le résultat de cette diversification en essayant d’exploiter et d’appliquer les concepts étudiés en cours d’économie, de corporate finance et d’analyse financière aux décisions, et nous essaierons, par ailleurs, de commenter les résultats obtenus.

Dans les chapitres IV et V, donnerons quelques alternatives à la diversification et situerons EDF aujourd’hui avec quelques chiffres. Nous ferons, aussi, l’exercice de confirmer ou d’infirmer les décisions d’EDF de diversification et d’investissement à l’étranger et nous les opposerons aux alternatives proposées.

Dans le chapitre VI, nous évoquerons quelques cas de compagnies d’énergie privatisées et qui sont en cours de renationalisation pour des raisons que nous étayerons.

Enfin, nous finirons cette étude par une conclusion (chapitre VII) qui portera à la fois sur les axes développés dans notre raisonnement et sur les résultats de cet investissement in fine.

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